Solène en trois actes
De la rue Rachel, où on assiste pratiquement en direct aux derniers moments de Dédé Fortin, jusqu’aux champs humides du comté de Portneuf, terre d’utopie pour quelques âmes en quête de sens, ce triptyque temporel aux allures de kaléidoscope nous dépeint les moments charnières de la vie d’un homme. D’abord à ses dix-huit ans, dans une forêt de Lanaudière où poussent des champignons magiques, et dans un bar de Joliette où il rencontre une serveuse au tem- pérament musclé. Puis au mitan de son existence, alors qu’il est installé à Montréal et que sa vie personnelle et profes- sionnelle prend une tournure inattendue. Enfin bien campé dans la cinquantaine, perdu dans les brumes d’une anesthé- sie opératoire, son cerveau lui offrant l’occasion de fouler de nouveau la route empruntée au fil des ans, un chemin jalonné par sa relation avec l’insaisissable Solène.
Le Refuge
Antoine et Marie ont choisi de vendre leur maison en ville pour s’installer dans ce qu’ils appellent leur Refuge, un chalet sans eau courante ni électricité situé au pied d’une montagne, à deux pas d’une rivière. Ils y coulent les jours tranquilles de leur retraite jusqu’à ce qu’ils soient victimes d’un braquage de domicile par une nuit sans lune du mois de juin. À compter de ce moment, le couple aura à vivre avec la honte des gestes qu’ils ont posés dans la foulée de l’agression qu’ils ont subie, et la crainte que leurs secrets ne soient découverts.
Visions de Manuel Mendoza
La vie de Manuel Anatole Mendoza bascule le matin où il découvre le corps inanimé de sa femme, Gabriela, victime d’une défaillance au coeur. Sur un coup de tête, Manuel décide de quitter son poste de médecin à l’hôpital local pour tenter de sauver la maison d’édition fondée par Gabriela. Il reçoit alors un mystérieux manuscrit dont la lecture éveille en lui des soupçons relatifs à un moment trouble de son passé. Au volant de sa vieille Mercedes, Manuel devra rouler jusqu’aux Terres rouges, à l’autre bout du pays, pour trouver des réponses à ses questions et découvrir, au fil de ses errances, qu’on ne refait pas l’Histoire.
Malek et moi
Ce que vous lirez dans les pages de ce livre est le résultat d’une rencontre insolite. Celle d’une jeune femme, Nadine Pilon, et de l’auteur, à qui elle racontera la suite des évènements qui sont venus bouleverser sa vie. Cela nous vaut un roman surprenant, aux voix entrecroisées, une autofiction dans laquelle l’auteur jongle avec le réel pour rendre compte de la vie peu banale de cette femme à qui on n’avait jamais dit qu’on peut mourir deux fois. Cette improbable collaboration nous invite, en filigrane, à préciser le regard que nous posons sur l’essentiel : l’amour, la famille, la mort et la maladie, notre rapport aux autres et ce que nous leur lèguerons avant de nous éclipser pour de bon.
L’Interrogatoire de Salim Belfakir
Trois personnages, un jeune boulanger malouin qui n’a d’arabe que le nom, une assistante juridique fuyant sa mère hystérique et un policier mis à la retraite malgré lui, réunis par une histoire improbable — comme la vie nous en réserve parfois. En filigrane pointe une série de questionnements sur l’identité et la responsabilité individuelle dans un monde de plus en plus polarisé.
Le Festin de Salomé
Tout commence au chic bar Le Croissant d’Or. Le spectacle d’un nain grivois et d’une danseuse nue obèse, accompagnés au piano droit par un vieil Irlandais au talent mal canalisé, va bientôt commencer. Notre homme, assis au comptoir devant la bière que vient de lui servir Naomie, fille de la propriétaire des lieux et barmaid à ses heures, ne se doute pas que la belle Métisse l’entrainera bientôt dans une virée dont il ne se remettra jamais. Sous le joug d’Aribert Heim, ancien médecin nazi aujourd’hui repentant, il perdra tous ses repères, même les plus intimes, sautant d’une époque à une autre de sa vie sans arriver à les relier les unes aux autres.
Quelque part en Amérique
L’histoire touchante d’une femme et de son enfant, trompés et sauvés par ce que l’Amérique moderne a à leur offrir: du plus violent au plus réconfortant…
Parce qu’il leur a permis d’éviter les griffes d’un réseau de traite des femmes, Nick Delwigan se sent responsable de Lonie et de son jeune fils, Ludo, tous deux venus du Bélize avec l’espoir d’une vie meilleure. Nick, homme juste et bon, demande à sa soeur Maureen de les héberger pour un temps. Or, le destin leur réserve une épreuve accablante qui nous fera découvrir une Amérique porteuse de tous ses paradoxes. Comment la vie pourra-t-elle suivre son cours si celui-ci coule dans le lit d’une rivière de mensonges?
Le Postier Passila
Parce qu’il s’ennuie dans la “grande ville” et souffre de sa relation avec l’infidèle Eliana, le postier Passila a accepté un poste vacant à Ludovia, en province.
Dès l’instant où il arrive dans ce qu’il croit être une bourgade paisible adossée au volcan Tipec, il pressent qu’un monde étrange vient de le happer. A l’accueil inhospitalier des habitants, Passila oppose une ironie tenace, mais sitôt croisée la belle Estrella, un piège diffus se referme sur lui. C’est que la présence de Passila, “l’étranger”, agit comme un révélateur : elle attise antagonismes ou alliances entre l’hôtelière revêche, l’irascible boulanger, l’indiscret chauffeur de taxi, le mystérieux docteur Noriega et l’impitoyable policier Cortez.
En contrechamp de ces scènes de vie villageoise, le Québecois Alain Beaulieu exécute à merveille sa partition sur le mensonge et la tromperie, diffusant le trouble comme on augmente le débit d’un goutte-à-goutte éprouvant. Dans ce village faussement somnolent, où la peur et l’autarcie forcent les habitants aux compromissions les plus diverses, sous le masque des supposées victimes vont apparaître d’insoupçonnables bourreaux…
La Cadillac blanche de Bernard Pivot
Pour notre plus grand plaisir, Alain Beaulieu a réuni une quarantaine d’écrivains, des hommes, des femmes, des vivants et des trépassés, autant de Québécois que de Français, pour un huis clos des plus délurés. De Gaston Miron et Jean-Paul Dubois à Amélie Nothomb et Yves Beauchemin ou Réjean Ducharme, tous ils ignorent la raison de leur énigmatique et subite collégialité. La rumeur veut qu’il serait question du sort de la littérature, de son avenir, voire de sa survie. Quand donc Bernard Pivot, leur hôte, se joindra-t-il à eux ? Qu’aura-t-il de si cataclysmique à leur apprendre ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Cadillac blanche ? Et qui est cet énigmatique Bookie Joe qu’il semble craindre de leur présenter ? Le dénouement de ce fascinant huis clos sera à la mesure de l’événement : inattendu et méchamment intelligent.
Dans une mise en scène légère et carnavalesque, c’est à une véritable fête de la parole et de l’écriture que nous convie Alain Beaulieu. Sa connaissance raffinée de l’oeuvre des auteurs qu’il célèbre donne lieu à des échanges tantôt émouvants tantôt d’une irrésistible drôlerie, et sa maîtrise de leur écriture nous offre quelques pastiches tout à fait anthologiques.
« L’écriture de ce roman était d’une certaine manière annoncée dans mon roman intitulé Le Joueur de quilles (2004). Au départ, il s’agissait de puiser à la fois dans la vie et dans l’œuvre de mes « écrivains invités » pour alimenter une intrigue relativement loufoque liée au milieu littéraire. Mais j’ai vite senti qu’il y avait des questions plus graves à poser telle l’importance de la littérature dans nos sociétés atomisées, sur la place de la littérature francophone dans le corpus mondial, sur celle de la littérature québécoise dans le corpus francophone. » AB
Le Joueur de quilles
Imaginez un écrivain, Samy Martel, travaillant à un immense roman mettant en scène une quarantaine d’écrivains québécois et français (morts et vivants) débattant dans un grand restaurant parisien; imaginez-le interrompu par une «offre qu’il ne peut refuser» : la rédaction de la biographie de Rémi Belleau, petit truand pseudo-homme d’affaires, qui veut laisser la trace de certaines de ses activités moins connues; imaginez maintenant que tout cela a également à voir avec la mort récente de Sylvain, beau-frère et ami de Samy… ainsi qu’avec le rêve d’un Québec indépendant. Et tout cela, admirablement architecturé, donnera un roman étonnant sur l’écriture, l’engagement, la responsabilité individuelle et l’importance de certains « choix » personnels ou collectifs.
Présentation d’André Ricard lors de la remise du Prix de la Ville de Québec :
Le Joueur de quilles est, des romans tout public d’Alain Beaulieu, le quatrième qui prend à témoin la ville de Québec. Comme pour les précédents, l’auteur en fait non pas seulement le décor, mais le creuset même de l’action, avec des personnages, souvent déviants, qui naissent des antagonismes sociaux inscrits en permanence dans ce contexte urbain. Le Joueur de quilles est un ouvrage abouti, consigné dans le réalisme pour le dépasser, puisque, à ce qui prend peu à peu l’allure d’un thriller, se mêle la préoccupation de responsabilité de l’écrivain face à son travail. Il faut admirer le délié de la narration, qui commence avec la mort inexpliquée d’un ami pour conclure avec la résolution du mystère, mais non sans le connecter avec l’improbable poursuite à quoi s’attache le personnage central de l’écrivain. Contre la coquette somme promise, celui-ci rédigera, comme nègre, l’autobiographie d’un truand de petite envergure, un mafieux de paroisse qui étend son territoire, le protège et fait du crime son fond de commerce. Avec des ellipses, mêlant le récit intimiste et le suspense, avec un art éprouvé de la mise en scène, l’auteur nous livre la déposition d’un criminel dont les aveux incomplets visent peut-être à le justifier, faisant un complice de l’écrivain.
Le Fils perdu
Quand le réel rejoint la fiction et que la vie se mêle aux mots, tout peut arriver, le meilleur comme le pire. Samy Martel en sait quelque chose, lui qui a osé raconter la vie de ses amis de jeunesse dans son dernier roman.
Bien sûr, Loup n’était encore qu’un enfant quand le drame a changé le cours de son existence. Perdre sa mère à neuf ans, et voir son père s’éloigner pour oublier. Devoir vivre chez une tante qui fait tout ce qu’elle peut, mais qui ne remplacera jamais la femme que Loup a aimée plus que tout. Fuir à son tour et squatter dans Montréal, amoureux de Virgule, elle aussi esseulée.
Froid de l’hiver et dette de drogue, la vie est dure pour ces orphelins errants. Mais le monde des adultes est parfois si laid qu’ils préfèrent se faire souffrance plutôt que de participer à tout ce gâchis.
Et le temps joue pour eux, car demain ils seront libres… enfin libres.
Quatrième de couverture :
À Québec, l’écrivain Simon est en panne d’inspiration. Camille, sa compagne, en profite : et si l’on se faisait un enfant…
À Belœil, Paul vient de quitter ses associés. Diane, sa femme, est inquiète. Avec leurs trois enfants à éduquer et sa garderie à gérer…
À Montréal rôde le sombre Bruno, un grand enfant qui en sait un peu trop sur la belle Diane et toute leur bande d’anciens copains. Et voici que bientôt les ados Loup et Virgule glissent dans les nuits glauques de la métropole. Où vont ces enfants incertains et leurs parents improbables? Vers la liberté?
Dans son troisième roman, Alain Beaulieu poursuit le tableau de la vie contemporaine commencé dans Fou-Bar. Il le fait maintenant autour de l’histoire de Loup qui, à neuf ans, verra sa mère disparaître et son père fuir, inconsolable. Mais tout ne sera pas aussi simple pour l’écrivain fictif qui va nous raconter cette histoire en mêlant dangereusement le réel et la fiction.
Alain Beaulieu propose ici son troisième roman après l’accueil si chaleureux reçu par Fou-Bar, « une histoire captivante » selon Anne-Marie Voisard, et Le Dernier Lit, « un suspense pas piqué des vers » selon Réginald Martel, tous deux parus chez Québec Amérique en 1997 et 1998.
Le Dernier Lit
L’amour, on n’y échappe pas. Ni à la mort d’ailleurs. Il y a celle de Véronique, celle de Juniore et toutes ces autres que l’on craint… jusqu’à la toute fin du roman. Et c’est encore sans évoquer, plus symboliquement, la mort d’un pays rêvé lors du référendum de 1980.
Deuil, cassure, perte des illusions. De bien grandes questions, mais un roman tout simple. Quelques personnages : Victor, Charles, Véronique, mais également Solange, Hortense et le terrible monseigneur Rallon.
Deux voix narratives, deux époques, un enlèvement… bref un véritable suspense qui gravite autour du mythe de la jeunesse, de la solitude des âmes esseulées et du fanatisme religieux.
Mais attention : l’auteur ne se complaît ni dans la morale, la nostalgie ou la bête dénonciation. Un portrait de génération, certes, sans la complaisante amertume de bien d’autres pourtant. Rien de simpliste ou de manichéen. Rien qui se règle par un oui ou un non… bien trop d’inquiétude dans ce roman pour que LA réponse soit de l’ordre de l’évidence.
Fou-Bar
Fou-Bar trace le portrait d’une génération, celle de la jeune trentaine pour qui le triangle amour-famille-travail ne repose sur rien de bien solide. Plus ou moins à l’insu de ses amis — la bande du Fou-Bar — Harold Lubie arrondit ses fins de mois en dévalisant les bungalows de la banlieue québécoise. Le cours tranquille de sa vie de larron sera détourné quand une jolie rouquine, éminemment sensuelle et farouchement indépendante, viendra coller sa peau à la sienne. Nadine le suivra sur ses «chantiers», assimilera les trucs du «métier» puis volera(!) bientôt de ses propres ailes. Jusqu’à ce que la flicaille la surprenne en plein travail. La justice devra suivre son cours. Mais voilà: remise en liberté jusqu’à la tenue de son procès, Nadine disparaît. Harold et ses amis organisent une battue à travers la ville, mais sa belle demeure introuvable.